Vitrine DD - Collaboration et flexibilité dans le travail et l'espace
18 Oct 2017
Dans le futur, de plus en plus de personnes et d’espaces auront plusieurs emplois. Les collaborations se multiplieront dans le travail, ainsi que dans les lieux, nous permettant d’être plus productifs, plus créatifs, et de partager les coûts des loyers. Nous décryptons cette tendance avec les membres de la famille DD qui gèrent, à mi-temps, un espace créatif, collaboratif et versatile.
Que font une enseignante/chroniqueuse, un médecin, un communiquant et un directeur de pôle événementiel dans un ancien atelier ? lls travaillent ensemble, pour permettre à des marques et créateurs d’occuper cet espace ! Ce scénario résume le quotidien professionnel de la famille Dumont-Devoge, propriétaires de la vitrine-atelier DD, près du Carreau du Temple, dans le Haut-Marais.
Ce sont des slashers - mot qui désigne non pas des psychopathes ou métalleux, mais des travailleurs d’un genre nouveau, combinant plusieurs emplois (exemple : un serveur/trapéziste). D’après une étude du salon des microentreprises ils sont 4,5 millions en France, soit 16% des actifs. 77% d’entre eux exercent un deuxième métier dans un secteur différent, comme les DD, qui gèrent l’organisation d’événements et pop-ups dans leur espace, à côté de leurs professions respectives.
En 2014, mus par une passion commune pour la création, Catherine (la mère enseignante en école élémentaire et chroniqueuse à Radio Clype), Olivier (le père, travaillant dans l’événementiel), Thibault (le grand frère médecin remplaçant) et Raphaël (le petit frère qui dirige sa propre agence de communication) ont acheté cet ancien atelier de fabrication de billards, datant de la fin du XIXe.
Leur objectif était d’ouvrir un lieu où tous les créatifs pourraient présenter leur travail et se rencontrer. Résultat : un lieu chaleureux qui change souvent de visage, grâce à un astucieux système de suspensions. Mélange de beaux matériaux bruts (béton, pierre et acier cortene), c’est le canvas idéal pour mettre en valeur les idées les plus créatives. Il était le prix parisien du concours Space for Ideas et accueillera le 2 novembre les gagnants : Le Chocolat des Français.
Raphaël, nous explique pourquoi et comment il gère sa vie et cet espace de façon flexible et collaborative.
Comment travaillez-vous en famille ?
Nous essayons de faire chez DD quelque chose que nous ne faisons pas dans nos métiers respectifs. Thibault, qui est médecin remplaçant, s’occupe par exemple du côté artistique et créatif. Il déniche les marques avec lesquels nous travaillons. On est tous très différents donc, quand un projet fait l'unanimité, on est sûrs que c’est une bonne idée ! C’est parfois difficile de travailler en famille, mais l’avantage d'être quatre c’est que, si l’un d’entre nous doit s’arrêter momentanément, on peut reprendre le flambeau, d’autant que nous sommes presque tous à notre compte ou sans horaires réguliers. Notre père a aussi voulu créer ce lieu car, si l’un d’entre nous est un jour en difficulté professionnelle, il aura toujours la vitrine.
En quoi DD est-il un “un lieu participatif, interactif et singulier” ?
Singulier, car nous invitons nos clients à faire ici ce qu'ils ne peuvent pas faire ailleurs, sans aucune limite, sauf de faire un trou dans le mur d’un voisin ! La plupart d’entre eux ont un savoir-faire mais ne savent pas forcément le mettre en scène. Nous les aidons à créer une vision et à communiquer pour attirer du monde, en plus d’assurer la logistique et l’événementialisation. Participatif et interactif car nous avons créé ce lieu pour favoriser les rencontres. Depuis la scénographie jusqu’au concept des événements, tout est fait pour que les gens interagissent. C’est pour cela que nous avons une belle machine à café, afin que les créateurs puissent proposer aux gens de venir boire un café et que les passants s’arrêtent.
Les créateurs partagent-ils l’espace et les coûts des loyers ?
Oui, cela permet, en plus d’alléger le budget, d’ajouter une nouvelle dimension à l’événement et de toucher plusieurs communautés. Durant la Design Week japonaise, nous avons suggéré à la marque Shopu d’inviter d’autres créateurs. Il y a eu eu des ateliers avec le fleuriste Aoyama et avec la céramiste Madoka.
Nous introduisons parfois nos contacts : lors du lancement du n°3 papier de Encore, nous avons présenté la fondatrice du magazine à la Brûlerie Saint-Jacques, aux fleuristes Pampa Paris et à Beldy, qui fabrique du mobilier berbère, pour ouvrir un café éphémère. Nous sommes aussi beaucoup dans l’échange. Nous avons notamment prêté la vitrine à des étudiants pour présenter leur projet de fin d’études, et ils ont créé notre logo.
Comment adaptez-vous l’espace à différents résidents ?
Grâce aux installations de l’architecte Lucas Rémy qui fait maintenant partie de la famille et qui a réussi à nous mettre tous d’accord en proposant un grill technique pour faire de la suspension. Ce caillebotis est léger visuellement et permet à chacun de faire sa propre scénographie.
Nous avons hâte de voir ce que Le Chocolat des Français va faire dans l’espace !
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Propos recueillis par Normandie Wells