Sophie Rioufol a toujours été fascinée par les chaussures et les costumes, car ils permettent de jouer différents rôles. Elle est montée sur les planches avant de créer 58M, sa boutique parisienne, réunissant des souliers de créateurs comme Marc Jacobs, Michel Vivien ou Chie Mihara. Ce magasin lui permet d’être tour à tour une garçonne en derbies, une femme fatale en stilettos, une disco queen montée sur compensées, ou une maman bobo en sabots.
On y trouve aussi des sacs et des accessoires : des plus parisiens de Jérôme Dreyfus, aux plus excentriques et britanniques d’Anya Hindmarch et Charlotte Olympia. Enfant des Halles, Sophie a naturellement ouvert son magasin au 58 rue Montmartre en 2005, avec sa mère Marion qui avait monté les premières boutiques Freelance dans le quartier.
La boutique a le charme d’une maison, grâce aux antiquités chinées aux puces et au meuble caisse. Ils donnent du cachet à l’espace immaculé, agencé par le designer David Exbrayat. Il n’y a pas de musique pour renforcer le caractère intime de l’endroit et faciliter les discussions dans ce que Sophie qualifie de « Vénus Beauté de la chaussure ». Voilà à quoi ressemble une journée dans ce repère de fashionistas.
8h Je me réveille et je prends mon cappuccino au lit avec mon bébé Suzanne, et son père Aurélien (fondateur du club Le Badaboum). Puis je me prépare tranquillement, j’aime prendre mon temps.
09h30 Je dépose Suzanne à la crèche et je vais à la boutique à vélo. Parfois, je travaille de la maison et je profite du calme de mon appartement sous les toits aux Batignolles. On entend les oiseaux chanter, un luxe à Paris !
10h J’ouvre le magasin avec les vendeuses. Je gère certaines tâches administratives : ouvrir le courrier, répondre aux emails, contacter les fournisseurs, gérer les commandes... Morgane m’aide avec tout ce qui a trait au site 58M et à nos produits sur Farfetch.
11h Certains jours je refais tout la disposition et les vitrines. Ca prend beaucoup de temps, jusqu’à 15-16h parfois, mais c’est très amusant.
12h30 J’ai faim et plutôt bon appétit. Si je mange devant mon ordinateur, je passe prendre un sandwich vietnamien chez Miss Bhán Mi, à côté de la boutique. Ils sont faits avec des produits frais succulents.
13h Pour un déjeuner posé, je retrouve une amie, un journaliste ou un créateur, comme Michel Vivien que j’adore. On va chez Marcelle, rue Montmartre, un café tenu par des femmes avec un menu girly : des salades copieuses, une cuisine du marché et toujours un petit détail qui fait la différence. Les desserts, faits maison par une pâtissière, sont délicieux. Sinon, notre kiff avec Aurélien c’est d’aller déjeuner dans un étoilé une fois par mois pour une date. C’est moins cher qu’à l’heure du dîner, on consomme peu d’alcool.
14h Je retourne à la boutique. Beaucoup de clientes y viennent comme dans un salon de coiffure. On présente ses pieds comme on montrerait sa nuque. Certaines les détestent, d’autres crânent… Il y a aussi celles dont on voit tout de suite qu’elles font un bon 39 et qui refusent de l'admettre : « Je ne comprends pas, pourquoi je ne rentre pas dans le 37 ? c’est ma taille d’habitude...»
15h Je fais mes achats lorsque les collections sont présentées quatre fois par an. C’est l’un des moments les plus excitants de ce métier. Je suis invitée dans les showrooms des marques que je vends, je découvre celles repérées sur des amies et j’ai toujours mes clientes en tête. J’ai la chance qu’on me refuse rarement un achat et que les marques aiment la boutique.
16h Si j’ai un petit creux, je passe chez Stohrer rue Montorgueil pour m’offrir LE meilleur éclair au chocolat de Paris. Il est tout doux, pas trop gros, avec un bon chocolat noir.
17h Lorsque je fais du shopping dans le quartier, j’aime bien aller chez By Marie rue Etienne Marcel. Il y a une bonne sélection de créateurs comme Roseanna.
19h-19h30 Je ferme la boutique.
19h30 Je vais boire l’apéro à La Jaja rue d’Argout, un petit bar où l’ambiance et la musique sont chouettes.
20h Je dîne, souvent au Perchoir à Oberkampf. La vue est jolie vue et on est toujours bien reçu. C’est un resto de garçons, donc assez porté sur la viande et les patates, mais elles sont toujours bien cuisinées et délicieuses.
23h Je ne sors plus beaucoup depuis que j’ai une fille mais, sans faire la promotion d’Aurélien, j’adore le Badaboum. Il y a plusieurs ambiances dans différentes salles, on peut y dîner, boire de bons cocktails, la programmation de concerts et DJs est super. On peut y passer une soirée de 20 heures !
00h Extinction des feux si je suis restée à la maison. Je mets Suzanne au lit à 20h30 et je vais me coucher après quelques épisodes de Twin Peaks ou avec un roman. En ce moment j’ai Elena Ferrante et Dumas sur ma table de nuit.
Propos recueillis par Normandie Wells