« Pampa ». Ce mot exotique, évocateur de prairies sauvages, décrit parfaitement les bouquets éclatants et frais, livrés à vélo par Noélie Balez et Emmanuelle Magnan.
D'ailleurs, ce ne sont plus elles qui remettent aux clients les commandes, passées sur internet, mais les fondatrices de Pampa Paris gardent de bons souvenirs des débuts, quand elles étaient les « porteuses de bonne nouvelle ».
Ces deux bourgeons d’entrepreneuses, folles de fleurs, ont su tirer leur épine du jeu dans un marché florissant, en proposant chaque semaine un bouquet unique, composé d’espèces de saison, étonnantes, durables et abordables.
Emmanuelle et Noélie se sont rencontrées en 2012 en travaillant à l'organisation du festival We Love Green, après leurs études - à Sciences Po Lyon pour Noélie et à l’école supérieure de commerce de Paris (ESCE) pour Emmanuelle.
C’est aussi à We Love Green que leur amitié et leur projet éclos, lorsqu’elles s’y recroisent sous un parapluie en 2015. Elles qui avaient déjà en commun leur expérience et leur passion pour la musique, l’événementiel et le digital, découvrent qu’elles ont les mêmes envies fleuries. Elles décident de quitter leurs jobs respectifs et de se lancer ensemble. Qui sème l’audace récolte le succès...
Comment êtes-vous devenues fleuristes ?
Notre première réunion a eu lieu en novembre 2015 et nous avons lancé la version beta du site en mai. Au début on vendait les bouquets d’autres fleuristes qu’on aimait bien et on livrait en métro ou dans les voitures d’amis. On avait pas le chômage longtemps, il fallait être rapide pour tenir financièrement. Emmanuelle a suivi une formation courte à l’école des fleuristes et passé le permis en deux mois !
Entre temps, on a commencé à fleurir différents endroits, comme les loges de We Love Green, la Gaîté Lyrique pour l’Institut des Futurs souhaitables ou les présentations des collections Zadig et Voltaire… Quand a eu notre premier atelier à Montreuil en septembre, Emmanuelle s’est mise à faire plein de bouquets, j’ai déposé la société, nous avons refait le site à quatre mains pour le lancement le 27 octobre. On dormait peu à cette période, on cherchait notre identité.
C’est quoi un bouquet Pampa ?
C’est un bouquet destructuré et original. Ni un bouquet rond, ni un bouquet de roses rouges pour la Saint Valentin. Il est composé de 10 espèces de fleurs dont certaines inhabituelles car pas disponibles à la botte chez les fleuristes, il n’en faut qu’une par composition. Un bouquet Pampa est également accessible : nous sommes moins cher que nos concurrents, avec 24 euros comme premier prix et trois euros la livraison à Paris et en petite couronne.
Un bouquet Pampa c’est aussi un bouquet surprise, puisqu’un client peut savoir ce qu’il y a dans la création de la semaine mais pas exactement ce qu’il va recevoir/offrir à la fleur près. C’était un gros pari mais, finalement, ça rassure beaucoup de gens qui n’aiment pas choisir chez le fleuriste ! La grande variété dans nos bouquets fait qu’on peut les garder longtemps, environ 10 jours, en enlevant les fleurs qui meurent, sans que celles-ci ne manquent à l’ensemble.
Comment composez-vous les bouquets ?
Emmanuelle assure la direction artistique de la marque et la création atelier (Noélie préfère l’autre partie du job : la vision marketing et business). Elle design les bouquets et se rend au marché de Rungis à 3h30 du matin tous les mardis et jeudis - c’est pour cela qu’il ne faut jamais acheter de fleurs le lundi car elles proviennent souvent de l’arrivage du jeudi et sont moins fraîches. On les prépare à l'atelier : il faut les laver, enlever les feuilles, couper les tiges et les tailler en biseau pour que les fleurs boivent dans le seau. Ensuite, le challenge est de créer une harmonie de couleurs et un mélange cohérent en utilisant une grande variété de fleurs, aux formes et nuances variées.
Quelle est la place de l'écologie dans votre démarche ?
L’écologie est plus un réflexe évident qu’un choix pour nous. Nous choisissons nos fleurs selon les saisons et, de mai à octobre, les bouquets sont à 95% composés de fleurs françaises locales, car c'est possible ! Mais il ne suffit pas de travailler en direct avec les producteurs pour s'assurer de la bonne qualité des fleurs. C'est pourquoi nous travaillons à développer des collaborations avec des vendeurs et horticulteurs avec lesquels nous sommes en phase sur les arbitrages, les méthodes de travail et le traitement des fleurs. La livraison à vélo s’est aussi imposée comme une évidence. Olvo, la société avec laquelle nous travaillons est très attachée à l’humain et les livreurs aiment ce qu’ils font. Ca fait une vraie différence. Un jour, l’un d’eux est entré dans une classe et a lu à voix haute, le petit mot d’anniversaire écrit en espagnol pas une maman à sa fille. Nous payons la livraison par ce prestataire plus chère que nous ne la facturons car leur service est exceptionnel.
Qui sont vos clients ?
Dans l'ensemble, des gens urbains et connectés. Nous essayons de toucher la génération des 25-38 ans qui n’a pas forcément le réflexe d’acheter des fleurs parce qu’elle peut penser que c’est une attention réservée aux anniversaires ou pour se faire pardonner ! Nous travaillons aussi avec des entreprises. Nous végétalisons des bureaux en fonction de la lumière et de la température des locaux. Certaines sociétés prennent des abonnements de fleurs chez nous pour être régulièrement livrées, d’autres ouvrent plutôt des comptes et nous appellent dès qu’elles ont besoin d’un bouquet. Nous fleurissons aussi des défilés de mode ou d’autres événements via des ateliers, par exemple des bars à bouquets. Nous louons aussi notre vélo dégoulinant de fleurs. On adore l’amener nous-mêmes aux clients : les gens sont fous dans la rue, ils prennent des selfies devant !
Et la suite ?
Nous préparons une campagne marketing pour la rentrée, nous venons d’obtenir notre première levée de fonds et nous embauchons. L’équipe est déjà très variée, certains ont fait une formation longue de type CAP, d’autres se sont reconvertis comme Emmanuelle. Nous avons des trapézistes, pubards, décorateurs de cinéma et organisateurs de soirées. Nous sommes une équipe de huit, âgés de 23 à 29 ans et on s’entend tous très bien. C’est un plaisir d’aller travailler et dans les prochains mois on sera le double !
Plus on est de fous, plus on fleurit ! Noélie et Emmanuelle sont aussi DJs à leurs heures perdues. Si vous passez Chez Joséphine un soir, vous aurez peut-être le plaisir de les apercevoir...
Propos recueillis par Normandie Wells