Aujourd’hui, nous rencontrons les jeunes architectes derrière l’Atelier Boteko qui reviennent avec nous sur leurs projets et nous donnent des conseils pour mettre en avant un espace… quelle que soit sa taille.
Lancé en 2013 par Alessandro Baiguera et Léa Casteigt – après leur rencontre au Portugal – l’atelier s’inspire du « Boteko » qui évoque en portugais un espace extrêmement simple et convivial. Aujourd’hui associés à Anna Postiglione, les architectes s’inspirent de ces lieux dépouillés où chaque élément remplit une fonction bien précise pour penser des espaces simples et cohérents qui dégagent une atmosphère paisible.
L’Atelier Boteko se consacre aujourd’hui à différents projets d’habitation pour particuliers qui leur offrent un laboratoire d’expérimentation passionnant à micro-échelle. En parallèle, les trois associés collaborent avec de grandes marques de mode sur des projets de rénovation aux échelles d’intervention très variées : l’Atelier a ainsi aidé la marque Calzedonia à développer son réseau de boutiques sur le territoire français ou rénové la boutique Benetton de 357 m2 rue de Rennes.
Mais c’est dans leur propre espace que nous les retrouvons aujourd’hui, au cœur de Belleville, pour découvrir les dessous de la rénovation d’un petit local qui a tout d’un grand.
« On connaissait déjà les quartiers de Belleville et Ménilmontant et ils nous plaisaient beaucoup. Leur mixité est un atout et de nombreux ateliers d’artistes et d’artisans y sont présents. On voulait trouver un espace qui nous corresponde vraiment : trop de cabinets d’architecture sont fermés, coincés dans les étages d’un immeuble. Notre espace idéal ? Un lieu ouvert sur la rue, offrant de la visibilité et aussi accueillant que possible.
En nous promenant dans le coin, on est passés devant cet espace et on a vu son potentiel. Pourtant, c’était loin d’être gagné : le lieu n’était pas mis en valeur, le sol caché, le plafond vieillot, il y avait trop d’objets partout…
Il peut paraître un peu petit, mais c’est la taille idéale pour nous et la grande vitrine est un énorme plus pour profiter de l’ambiance du quartier et donner envie aux gens de jeter un coup d’œil.
On voulait aussi penser l’espace pour le rendre modulable et pouvoir organiser des événements. Pour les journées « les architectes ouvrent leurs portes », on a organisé un vernissage et accueilli plus d’une vingtaine de personnes le soir.
Ça, c’était l’idée derrière l’espace. Pour la réaliser, on avait un budget très serré et la possibilité de collaborer avec certains de nos partenaires. L’essentiel était de réussir à valoriser les atouts de l’espace qui n’étaient pas forcément visibles au premier coup d’œil.
Évidemment, notre métier nous donne une longueur d’avance : on se doutait qu’on allait trouver du carrelage d’époque sous les couches du sol et on espérait dévoiler un beau plafond sous les dalles. Pour le sol, l’entreprise qui a travaillé avec nous a tout cassé à la main : ils ont dû enlever 4 couches de sol et de colle. Pour le plafond, on a pas mal gagné en hauteur en enlevant le faux plafond et on a surtout découvert des poutrelles en acier d’époque ; on a choisi de le laisser brut, pour faire apparaître le squelette du bâtiment. Au final, ça donne beaucoup d’âme à cet espace et on n’a pas eu besoin de beaucoup de déco : c’est du minimalisme contrôlé. L’espace est clair et très lumineux avec une ambiance nordique qui rappelle un peu une galerie d’art.
Pour la déco : on a opté pour le thème de la récupération, autant que possible. Les étagères viennent par exemple d’un chantier sur lequel on a travaillé : on les a repeintes en blanc et mises sur roulettes – en gardant en tête cette idée d’un espace modulable. D’ailleurs, on a utilisé le même matériau pour la grande table autour de laquelle on travaille ; là aussi, on voulait quelque chose de modulable qui passe facilement du bureau… à un coin bar si besoin !
Pour les murs, on a choisi de beaux papiers peints et pour la porte, une peinture sur laquelle on peut écrire ; des lampes de la marque italienne Flos de type chantier complètent le tout. On a aussi ajouté des petites notes amusantes avec un porte-manteau de style médecin, une boîte à sacs, des bouteilles transformées en vases…
Et voilà plus ou moins comment on a pu tirer le maximum d’un espace assez petit pour obtenir le cabinet idéal : un lieu polyvalent et atypique qui s’inscrit à merveille dans son quartier. »