5 conseils d’une psychologue sur le bien-être mental des entrepreneur·e·s

En tant qu’entrepreneur·e, votre santé psychique est souvent la dernière chose que vous avez en tête. La gestion des chaînes d’approvisionnement, la poursuite de l’activité en confinement et le bien-être de vos équipes priment souvent sur votre propre santé mentale — mais cela ne devrait pas être le cas.

Nous avons donc pris contact avec Dina Grishin, psychologue et thérapeute spécialisée dans le soutien aux entrepreneur·e·s, afin qu’elle partage quelques-unes de ses stratégies éprouvées pour améliorer son bien-être mental pendant cette période. Régulièrement invitée à donner des conférences chez The Wing, General Assembly et The Hoxton, Dina a coaché des centaines d’individus au cours de leurs différents projets professionnels, qu'il s’agisse de PDG ou de propriétaires de petites entreprises. Elle nous livre ses conseils pour rester équilibré·e :

Repensez votre relation au temps

« En tant qu’être humains et surtout en tant qu’entrepreneur·e·s, il nous arrive souvent de rêver que l’on a du temps, et d’imaginer tout ce que nous pourrions en faire. Cette période nous offre ce temps libre dont nous avons toujours rêvé, ce qui nous incite à nous mettre la pression pour être plus productif·ve·s, surtout si le mode de fonctionnement habituel de notre entreprise est mis à l’arrêt. Cette manière de penser part sans doute d’un bon sentiment, mais les gens ont tendance à oublier que nous vivons un traumatisme collectif, une période de stress intense. Pour cette raison, vous devez accepter que vous ne serez pas aussi productif·ve que prévu. Pour entretenir une relation saine avec le temps, essayez de travailler plus lentement, sans vous mettre la pression — sinon, gare au burn-out. Profitez de cette opportunité pour faire quelque chose de positif pour votre santé mentale.

Limitez votre soif d’informations

« Il est indispensable de se tenir régulièrement informé·e de l’impact de la situation sur son entreprise, mais la surinformation est problématique. Lorsque nous regardons les informations, nous nous coupons psychologiquement de notre environnement immédiat et de tout ce que nous pouvons contrôler. Nous considérons le monde dans son ensemble et sommes submergé·e·s par tout ce qui nous échappe, ce qui se traduit par un stress intense. Informez-vous plutôt des mesures prises par le gouvernement en vous rendant une fois par jour sur son site officiel, pour être uniquement au courant de ce qui vous concerne. Autre option : autorisez-vous à regarder les informations à heure fixe une fois par jour — et passez le reste de la journée à vous concentrer sur ce que vous pouvez maîtriser. »

Ne vous sentez pas trop responsable de vos équipes

« Ce conseil s’adresse particulièrement à celles et ceux qui ont été contraint·e·s de licencier (une partie de) leur équipe — une problématique qui affecte en particulier le secteur hôtelier. Il est normal d’en être attristé·e, mais vous n’avez pas à en assumer toute la responsabilité. La crise actuelle n’est pas de votre faute : elle échappe à votre contrôle. Et cela peut être bénéfique, croyez-en mon expérience. Il m’est arrivé de coacher des personnes tout juste licenciées et presque toutes en ont profité pour se consacrer à des projets personnels et à des carrières plus stimulantes. On peut également imaginer que si vous entretenez de très bonnes relations avec vos employé·e·s, ils.elles n’admettront peut-être pas que tout se passe bien dans leur nouvelle vie, de peur de vous blesser. Le licenciement peut être un changement particulièrement fondateur.»

Structurez votre journée de travail

« Quand mes client·e·s m’expliquent qu’ils·elles se sentent mal à la fin de chaque journée, je leur demande toujours à quoi ressemble leur journée-type : la plupart du temps, elle se partage entre une montagne de travail et un peu de sommeil. Savoir à quel moment commencer et arrêter sa journée est déjà un défi pour les entrepreneur·e·s en temps normal, et mettre en place un programme quotidien (et s’y tenir) est le moyen le plus efficace de se faire du bien. Les entrepreneur·e·s aiment se sentir productif·ve·s, mais il est impératif de prendre du plaisir dans les autres aspects de sa vie, au risque de voir sa santé mentale en faire les frais. Certaines personnes font du sport ou se mettent à cuisiner pour marquer la fin de leur journée, tandis que d’autres rangent tout ce qui leur rappelle le travail — loin des yeux, loin du cœur. Enfin, certain·e·s écoutent un podcast qui leur rappelle leur trajet du bureau jusqu’à chez eux·elles : l’essentiel est de trouver ce qui vous convient et vous aide à déconnecter. »

Soyez positifve

« La culpabilité fait partie des émotions humaines les plus fortes, et il est fréquent d’y être confronté·e même lorsque tout va bien — je remarque d’ailleurs une augmentation très nette en cette période. Les entreprises qui ont pu maintenir leur activité ou qui enregistrent une augmentation record de leurs ventes font face à une autre problématique personnelle sur le plan mental. “Ai-je le droit d’être positif·ve pendant une pandémie ?” : bien sûr que oui, et il est normal de ressentir de la culpabilité quand vous réussissez alors que les autres éprouvent des difficultés. J’essaie de faire comprendre à mes client·e·s que la culpabilité n’a pas sa place, contrairement aux vertus d’une approche positive. Mettez à profit la stabilité de votre situation en utilisant votre expertise et vos ressources pour aider vos proches à garder le cap, ou voyez comment vous pouvez leur apporter votre aide. Faire le bien autour de vous dopera votre santé psychique et aidera les autres à garder le moral : il est temps d’incarner la positivité que vous voulez voir dans votre industrie.